Début septembre, BNP Paribas a créé, avec le cabinet d’études Occurrence, l’Observatoire annuel national de l’Entrepreneuriat Féminin afin de détailler le profil des femmes entrepreneurs, d’évaluer la progression des données du secteur et, d’analyser les grandes tendances en France. Au-delà de l’action « commerciale », de grandes lignes ressortent de cette première étude qui permettent de mieux connaitre l'entrepreneuriat au féminin alors que seulement un tiers des entreprises sont dirigées par des femmes en France et parmi elles, 90% de diplômées du supérieur, installées majoritairement dans les services, en région parisienne.
9 femmes entrepreneures sur 10 sont donc diplômées du supérieur, installées en majorité en région parisienne (28%), suivi équitablement sur les régions Nord-Ouest (16%), Nord-Est (18%), Sud-Ouest (16%) et Sud-Est (21%). Elles travaillent principalement dans l’univers des services (34%), de la santé et de l’action sociale (15%) et du commerce (11%). Des secteurs classiquement et majoritairement féminin. Elles ont en moyenne 43 ans, et 35 ans à la création. 60% étaient salariées avant de faire le grand saut de la création d’entreprise. Parmi elles, 38% ont le statut d’auto-entrepreneur. 810 femmes ont été interrogées dans le cadre de cette enquête.
L’entrepreneuriat semble être une seconde étape de la vie professionnelle des femmes. Si l’envie est là, le passage à l’action semble mûrement réfléchi pour la plupart d’entre elles. Jeunes, elles privilégient un emploi salarié stable, la fondation d’une famille, l’achat immobilier et même si elles souhaitent un jour créer leur entreprise, elles repoussent ce projet à plus tard. Souvent à l’occasion d’un licenciement, d’un divorce, d’un burn out. Il n’est pas rare de trouver un élément déclencheur dans ce changement de vie. Entreprendre tard, c’est aussi le moyen de mieux savoir ce qu’elles souhaitent dans leur vie professionnelle et personnelle.
C’est d’ailleurs l’autonomie (46%) que les femmes recherchent en priorité lorsqu’elles créent leur activité. Après 10 à 15 ans de salariat, l’envie de se prendre en mains semble forte. Elles souhaitent aussi mieux équilibrer leur vie professionnelle et personnelle (22%), alors que les enfants sont arrivés dans leur vie, perturbant l’équilibre familial avec des horaires de folie, la course quotidienne, le manque de temps. Aller à des réunions à 19h devient impossible. Rester dans le système classique de l’entreprise qui ne prend pas en compte la vie personnelle des femmes devient impossible. Il est alors impératif de réfléchir à une nouvelle organisation.
On dit souvent que les femmes sont des entrepreneurs plus mesurés que les hommes. Cela se confirme avec cette étude : 8 femmes sur 10 se lancent avec leurs seules économies et seulement 7% d’entre elles lèvent des fonds. La plupart d’entre elles, si elles sont optimistes (82%) pour leur projet, ont une forte crainte de l’échec. La peur de ne pas dégager assez d’argent pour se verser un salaire (37%), devant la peur de l’échec financier pour l’entreprise (30%) sont sources d’anxiété au quotidien. A relier d’ailleurs au fait que « gagner plus d’argent » soit la dernière des motivations pour les femmes qui envisagent de se lancer !
Et pourtant malgré ces freins, financiers notamment, 40% des femmes interrogées recommandent de se lancer dans l’entrepreneuriat. 60% estimant pouvoir doubler leur chiffre d’affaire d’ici 5 ans. L’entrepreneuriat féminin est donc très paradoxal : d’un côté la forte envie de se lancer, pour être libre, créer sa vie, être soi, et de l’autre la forte peur de rater, perdre de l’argent ou ne pas se payer. Le plus dur finalement, comme dans tout changement, semble de se lancer, de faire les premières démarches. D’où l’importance d’un bon accompagnement à la reconversion, et à la création d’entreprise, pour une meilleure confiance en soi, en l’avenir et un chemin vers la réussite.