Le burn-out c’est comme le mal de dos et l’intolérance au gluten. Tout le monde en parle, chacun connait quelqu’un qui en a fait un ou deux. Et le terme est quasiment tombé dans l’usage courant sans que personne ou presque ne sache ce que c’est exactement. Car il s’agit bel et bien d’un véritable trouble, d’une pathologie. Et pas d’un simple ras-le-bol de son job, comme cela arrive plusieurs fois dans l’année à tout salarié(e) (ou chef d’entreprise d’ailleurs) en période de démotivation ou surmenage… C’est bien plus grave que cela. Et cela peut mener droit dans le mur si vous n’agissez pas le plus tôt possible : dépression, voire suicide dans les cas les plus désespérés. La souffrance au travail est aujourd’hui un véritable fléau. Elle n'est pas assez prise en compte par la hiérarchie et la médecine du travail. Et vous, êtes-vous proche d'un burn out ?
Selon l'OMS, le burn out se définit comme « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d'incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ». Le terme est employé depuis les années 70. Mais on ne l’appliquait alors qu’aux salariés du secteur social et médical dans les professions « au service des personnes ». Il était alors caractérisé par le fait de « ne pas y arriver, s’user, être épuisé par une exigence excessive en énergie, force ou ressources ». Aujourd’hui, on sait que tout travailleur peut être touché, quel que soit son métier. Depuis une vingtaine d’années, on parle d’ « un état d’épuisement physique, émotionnel et mental résultant d’une exposition à des situations de travail émotionnellement exigeantes ».
Les premiers symptômes à s’installer durablement sont l’épuisement émotionnel, psychique mais aussi physique. Il faut les trois symptômes concomitants pour parler de burn out. Et pas une simple grosse fatigue, ni une période « sous l’eau ». Souvent la personne ne se rend pas compte de son épuisement. Et elle continue à en faire encore plus ,à tel point qu’elle finit par entrer dans une phase de dépersonnalisation. Cela se traduit par un retrait et une indifférence vis-à-vis du travail qui est effectué mécaniquement sans plus aucun investissement. Elle est souvent dans le déni. S’ensuit une perte de l’accomplissement personnel dans le cadre de son activité. Et cela se traduit par une inefficacité au travail et une dévalorisation.
Tous ces symptômes peuvent mettre plusieurs mois à s’installer. Et ils peuvent ne pas se voir dans l’entourage, jusqu’à ce que la personne s’effondre. Souvent les personnes passées par un burn out parlent du jour où elles ont été incapables de se lever pour aller travailler, où leur corps ne répondait plus. Mais d’autres peuvent voir des symptômes psychosomatiques s’installer petit à petit. Comme par exemple se blesser, perdre l’appétit et ne plus s’investir non plus dans leur vie familiale et personnelle. La dépression, l’anxiété chronique ou les troubles du sommeil peuvent alors s’installer sur le long terme. Certaines personnes peuvent y laisser leur vie. On le voit au Japon où le terme karoshi désigne la mort subite par épuisement nerveux au travail, causée par une crise cardiaque.
La contrainte de travail la plus fréquemment associée à l’épuisement professionnel est, incontestablement, l’importance de la charge de travail. Une forte pression, le manque de temps et de personnel, l’absence de reconnaissance, un management déshumanisé... Ou encore une perte des valeurs, une crise de sens, les conflits entre collègues, le manque d’évolution de carrière… Des maux en croissance constante. Et qui touchent le monde du travail depuis les années 70. C'est à cette période que les scientifiques ont commencé à parler du syndrome de burn out. Mais c’est dans les années 90 que le phénomène a pris de l’ampleur. En Europe, 1 cas sur 2 d’absentéisme est causé par le stress chronique, d’après un rapport de l’Agence Européenne pour la Santé et la Sécurité au Travail paru en 2009.
Le burn out ne touche que les pays industrialisés où les transformations rapides du monde du travail augmentent fortement la pression sur les salariés. Et en particulier chez ceux qui ont des prédispositions au stress et à l’anxiété.
Le burn out touche beaucoup plus les personnes très attachées à leur job, perfectionnistes. Mais aussi qui sont peu soutenues à la maison, avec une faible estime de soi ou un manque de confiance en leurs capacités. Dans une même situation, tout le monde ne sera pas touché par un burn out. Fort d’un soutien familial et amical, de plan B dans sa vie active, ou d’un projet de reconversion hautement mûri, on peut l'éviter. C’est généralement le déséquilibre entre la pression subie et les ressources intérieures et extérieures dont on dispose qui feront la différence. Les personnes ayant déjà subi des épisodes de dépression sont aussi plus sujets à l’épuisement professionnel. D’où l’importance d’être bien dans sa vie et dans sa tête pour anticiper les mauvais moments de sa vie professionnelle !