Il a fallu beaucoup d’énergie à Sonia pour oser abandonner sa carrière initiale et se lancer dans autre chose. Lorsqu’elle a sauté le pas, sa transformation a été radicale à tous les niveaux. Elle a appris, évolué, grandi, gagné en confiance du fait d’être désormais alignée professionnellement. De documentaliste pour un grand journal à community manager, elle nous raconte les bénéfices tirés de sa reconversion professionnelle.
Quel a été votre parcours initial ?
J’ai fait des études de journalisme, par conviction. Puis, j’ai passé de nombreuses années de rédaction en rédaction en tant que pigiste. C’était une situation précaire et relativement frustrante. J’ai acquis une forme de sécurité quand j’ai accepté un CDI comme documentaliste pour un journal quotidien. Au départ, j’aimais vraiment mes missions ; j’avais le sentiment d’être une facilitatrice en amont du travail des journalistes de terrain. Le stress en moins. Au bout de quelques années, il y a eu un changement de direction et mes conditions de travail se sont dégradées. Non pas que j’étais mise au placard mais on me faisait sentir que mon poste n’était pas si indispensable que cela et qu’en cas de mauvaise conjoncture, c’est moi qui étais éventuellement sur la sellette.
Qu’est-ce qui vous faisait rêver à ce moment-là ?
En fait, ce n’est pas tant un métier ou une situation précise que j’avais en tête mais un besoin de retrouver de la légèreté. Le journalisme, c’est utile, c’est bien, c’est beau quand c’est bien fait mais c’est parfois aussi très lourd. Surtout si vos collaborateurs se prennent un peu trop au sérieux. L’ambiance me pesait, je n’avais plus envie de me sentir méprisée au travail donc je rêvais d’un échappatoire, de plus de liberté. Évidemment, mon instinct de journaliste m’a toujours poussée à faire de la veille, à suivre les actus, les nouveautés et j’ai rapidement été attirée par le numérique et les plateformes digitales. Leur pouvoir, et le storytelling qu’on peut y trouver me fascinent. Donc, j’imaginais quelque chose un peu dans cette branche que je savais en plus très porteuse.
Quelles ont été vos démarches pour changer de carrière ?
Il m’a fallu du temps pour mettre en place mon plan d’attaque qui était le suivant : demander un congé sabbatique de six mois, prendre mon temps pour chercher une voie qui pourrait me convenir puis entamer une formation. Au final, au bout d’un mois de congé, j’avais une idée fixe et la formation de mes rêves en ligne de mire, du coup j’ai démissionné dans le même temps. J’allais devenir community manager et ainsi mettre ma plume de journaliste au service de la communication de marque. C’était plus léger, c’était visuel, créatif et plus collectif aussi. Je pouvais même démarrer à tout moment ou presque en freelance si j’en avais envie.
Que s’est-il passé après votre formation ?
Après l’obtention de ma certification et un stage de deux mois dans une agence de pub, j’ai décidé de m’installer en freelance justement, un statut que j’avais envie de tester depuis longtemps. J’ai tenu deux ans mais j’ai réalisé que ce n’était pas vraiment idéal pour ma personnalité. Néanmoins, ces projets ont été une belle vitrine pour ensuite obtenir un poste dans une boîte que je convoitais et dans laquelle je suis très épanouie aujourd’hui. J’aime mes missions, j’aime le travail d’équipe, j’aime voir les résultats concrets de mes prises de décision. J’ai aussi développé une vraie affinité avec le graphisme, ce qui à terme pourrait tout à fait être un autre sujet de formation pour compléter mon profil !
Quels bénéfices avez-vous tirés de ce changement de carrière ?
Le fait d’être capable à 38 ans de quitter une routine qui n’était plus à la hauteur de mes convictions et de me réinventer professionnellement m’a donné des ailes. J’ai le sentiment de m’être déployée, de ne plus avoir peur du changement, de la remise en question. Je suis aussi plus créative parce que je vois que dans mon nouvel environnement de travail, mes idées comptent. Dans ma vie privée, je vois également la différence. Mes frustrations ne m’empêchent plus de profiter pleinement de mon temps libre. Je ne dis plus non à quelque chose avant d’avoir essayé, j’arrive davantage à me départir de mes préjugés pour avoir l’humilité d’apprendre, d’expérimenter, d’échouer aussi. Les compétences que j’ai acquises depuis ma reconversion sont nombreuses et le fait de me sentir alignée me donne vraiment le sentiment que je peux désormais gravir des montagnes. Je pense que se lancer dans le vide, se prouver qu’on en est capable est un service qu’on se rend à soi-même. Et un rappel important : c’est possible.