A la question « quelles sont les freins à l’ambition professionnelle », on aurait tendance à répondre, la peur de manquer de temps pour sa famille, la faible estime de soi, le peu d’opportunités, surtout chez les jeunes femmes. Mais il n’en n’est rien si on en croit le dernier sondage réalisé sur le sujet par Madame Figaro auprès des cadres de moins de 40 ans. En effet 72% des femmes seraient animées par l’ambition et 53% d’entre elles seraient prêtes à occuper un poste à hautes responsabilités dans un avenir proche. Mais voilà : occuper la place des dirigeants actuels, non merci. Leur modèle de vie ne les fait pas rêver du tout, leur leadership et l’image qu’ils renvoient les feraient même plutôt fuir cette idée…
On le constate de plus en plus, le management, issu des années 80, encore en bonne place aujourd’hui a cassé les salariés et continue de le faire. Laissant derrière lui des millions d’employés en burn ou bore out, ayant perdu leurs repères et ne trouvant plus aucun sens à leur job. Pire, la jeune génération n’aurait même plus l’intention d’entrer dans le monde du salariat et préférerait créer son job, renoncer à un bon salaire et à une vie stable plutôt que prendre le risque de vivre une vie professionnelle inutile. La vie de labeur de leurs parents les a traumatisés : des horaires à rallonge, le manque de temps, la pression, la peur de perdre son job, ils disent non à tout cela.
Certains disent que la jeune génération manque d’ambition ou refuse de devenir adulte en restant en marge du monde du travail. Pourtant les jeunes travaillent : ils font des études plus longues, ils travaillent sur leur propre projet, ils créent leur startup. Certes ce n’est pas « corporate », ils ne sont pas dans le moule du parfait petit salarié, mais ils ont de l’ambition. Une ambition plurielle, celle de vivre plusieurs vies en une, incompatible avec le monde de l’entreprise, qui véhicule l’image du briseur de rêve. Celui ou celle qui ne rentre pas dans ce moule et n’accepte pas de renoncer à ses rêves peut dire adieu à son ambition, il n’y a pas de place pour les « marginaux » en entreprise.
Les jeunes sont de plus en plus nombreux à vouloir créer leur propre emploi. Que ce soit en free lance, une startup, un commerce ou dans l’artisanat, les projets fleurissent à toute vitesse en France. Alors qu’il y a 10 ou 15 ans devenir fromager, céramiste ou créer des vidéos n’était pas un « vrai » métier, aujourd’hui, chacun tente sa chance. L’ambition a changé de place. On ne rêve plus de prendre la direction d’un département, de la création ou des finances, ni d’une succursale d’ailleurs, on veut être son propre chef. D’autant plus que la nouvelle économie le permet avec plus de facilités qu’avant. En témoigne le nombre d’autoentrepreneurs dans le milieu du VTC ou de la livraison dans les quartiers difficiles…
Le quotidien du big boss qu’on a pu voir dans les médias, les films ou autour de soi ne fait plus rêver. Pire il fait même horreur. Ne plus avoir de temps pour rien, ne pas avoir de passions en dehors de son job, avoir une vie de famille chaotique, harceler ses salariés pour booster ses bénéfices, laisser les rênes de son entreprise à des financiers, tout cela au nom d’un salaire mirobolant, d’une belle voiture de fonction et d’une plaque à son nom à l’entrée de la boite n’est plus une option. Les salariés ne veulent pas se faire aspirer par leur job, ils ne veulent pas donner leur vie entière à une entreprise, sur laquelle ils n’auront jamais le pouvoir, malgré leur belle place dans la hiérarchie…
Le temps passé au travail n’a cessé de grimper malgré les 35h, la vie personnelle passe bien souvent après une multitude de tâches inutiles et abrutissantes à faire avant de quitter le bureau. Conduire un projet de bout en bout, prendre les manettes de A à Z, ne plus se sacrifier sur l’autel d’une hypothétique réussite sont l’ambition d’aujourd’hui chez les jeunes. La vie professionnelle ne se dissocie plus de la vie personnelle, elles ne font qu’un et doivent apporter beaucoup l’une à l’autre, sans empiéter l’une sur l’autre. Une façon de vivre qui s’impose petit à petit dans le monde du travail. Une nouvelle ambition porteuse d’espoir pour toutes celles et ceux qui ne veulent pas rentrer dans le « moule ».