Hannah Colin a 34 ans et s’apprête à ouvrir son propre restaurant à Christchurch en Nouvelle-Zélande. Étonnante histoire pour cette native d’Avignon qui a d’abord poursuivi des études littéraires. Comme elle le dit elle-même, son histoire n’en est qu’une parmi bien d’autres, mais c’est un exemple de reconversion réussie à l’issue de nombreuses années de réflexion et de cheminement. Retour sur le parcours inspirant d’Hannah.
Après une prépa Hypokhâgne/Khâgne, Hannah poursuit des études dans le domaine de l’édition. Passionnée de lettres et de lecture, elle trace sa route avec confiance : “J’avais toujours eu une fascination pour le monde de l’édition. Pour moi, les livres sont des objets sacrés et l’écriture, une des activités les plus nobles. J’ai adoré mes études, on passait des heures à décortiquer les textes de grands auteurs ou de poètes plus obscures. Je trouvais cela très enrichissant.”
Pour obtenir son diplôme de fin d’études, Hannah réalise plusieurs stages dans des petites maisons d’édition, ce qui lui permet de se faire la main : “J’ai beaucoup appris durant ces stages car c’était chaque fois de très petites structures. Je devais mettre la main à la patte à tous les niveaux : lectures et correction, choix éditoriaux, direction artistique ou encore organisation d’évènements ou de salons littéraires. J’aimais justement la diversité de mes missions.” Hannah obtient ensuite un poste dans une maison prestigieuse. Elle monte les échelons jusqu’à avoir un réseau suffisamment large pour s’installer en freelance. “J’avais acquis beaucoup d’expérience en peu de temps, je commençais à avoir beaucoup de contacts dans le milieu littéraire et j’avais besoin de changer de routine. Je me suis donc installée en freelance avec ce carnet d’adresse et j’ai rapidement cumulé les missions comme agent littéraire, consultante et correctrice. J’étais toujours aussi enthousiaste chaque fois que je lisais un manuscrit pour la première fois.”
Seulement, Hannah finit par se lasser de la frénésie parisienne, elle qui vient du sud de la France. Même en freelance, les missions commencent à se répéter et elle a le sentiment de passer à côté d’opportunités. Elle raconte : “J’avais tout enchaîné sans jamais vraiment prendre de recul. Je n’avais jamais voyagé et c’était un regret pour moi. À l’aube de mes 30 ans, quand le ras-le-bol a commencé à être persistant, j’ai pris la résolution de partir sur les routes pour un an.”
Seule, ou ponctuellement accompagnée par des amis qui la rejoignent ici et là, Hannah traverse d’abord l’Asie. Puis, elle se lance à l’assaut de l’Australie. Elle se fait héberger dans des fermes en échange de services : “J’aidais à ramasser les récoltes, parfois je faisais le ménage dans le gîte, ou je réalisais des petits travaux comme de la peinture. Ainsi, j’étais hébergée et nourrie par des locaux. C’était une expérience inédite qui m’a poussée à sortir de ma zone de confort constamment. Je n’avais pas du tout envie de rentrer en France à ce stade.”
Hannah descend finalement jusqu’en Nouvelle-Zélande et s’y sent bien. “Je commençais à avoir les bons réflexes pour rencontrer les gens et m’intégrer partout où je débarquais. Mon année sabbatique était terminée et j’avais besoin de renflouer les caisses.” Sans aucune expérience dans le domaine, Hannah se fait donc embaucher dans un restaurant en quelques jours seulement grâce à un Visa Vacances-Travail. Elle apprend sur le tas le métier de serveuse et les métiers de la cuisine auxquels elle prend goût. “Les gérants de ce restaurant m’ont fait confiance très rapidement, j’avais des responsabilités, je pouvais exprimer des idées et vraiment m’investir dans le bon fonctionnement de l’établissement. Je suis tombée amoureuse de cette ambiance et de cette façon de travailler.”
Après trois ans en Nouvelle-Zélande, Hannah ressent le besoin de monter son propre projet. Elle prend donc des cours du soir pour apprendre le management et faire valider ses acquis dans la restauration. Lorsque l’opportunité d’un local vacant se présente, Hannah saute sur l’occasion. Le restaurant doit faire partie d’un projet de réhabilitation globale et elle n’a que 5 mois devant elle avant ouverture. “Les premières semaines, c’était panique à bord, j’étais noyée sous les démarches administratives et en même temps, pour la première fois, j’avais l’impression de devoir faire le deuil de mon passé dans l’édition. Pourtant au fond de moi, je sais que j’y reviendrai un jour. J’ai donc travaillé d’arrache-pied pour faire mon business plan, établir un menu cohérent, monter une équipe et surtout, obtenir mon visa de résidence permanente ! Aujourd’hui, je n’attends qu’un chose : servir les premiers clients.”
Le restaurant d’Hannah doit ouvrir dans les prochains mois. Quoiqu’il arrive, sa détermination et son courage font déjà de cette reconversion une réussite. En venant du monde de l’édition, la jeune femme n’aurait jamais imaginé pouvoir se lancer dans un tel projet, et à l’autre bout du monde de surcroît. Son histoire est finalement la preuve que, comme on le répète si souvent, tout est possible à qui veut !