En entretien d’embauche, le recruteur est amené à poser un certain nombre de questions au candidat afin de cerner ses compétences et découvrir en partie sa personnalité. Seulement, il est bon de savoir que les interrogations de l’ordre de la vie privée sont interdites par la loi car elles peuvent faire l’objet de discriminations. Il ne s’agit pas de se montrer excessivement méfiant mais il convient d’être vigilant pour repérer le moment où le recruteur, même de façon bienveillante, dépasse les limites de la conversation professionnelle. Tout ce qui ne concerne pas vos compétences, les spécificités du poste ou de l’entreprise est hors sujet et dans ce cas, n’hésitez pas à rappeler vos droits de façon diplomate à votre interlocuteur.
Il convient tout d’abord de savoir ce que dit le Code du Travail sur le sujet. L’article L1221-6 est particulièrement éclairant : « Les informations demandées, sous quelques formes que ce soit, au candidat à un emploi ne peuvent avoir comme finalité que d’apprécier sa capacité à occuper l’emploi proposé ou ses aptitudes professionnelles. Ces informations doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l’emploi proposé ou avec l’évaluation des aptitudes professionnelles. »
Le recruteur n’a pas le droit d’aborder le sujet de la situation familiale du candidat. C’est-à-dire qu’il ne peut pas vous demander votre âge, si vous êtes en couple, marié, ou encore quelle est l’activité de votre conjoint. Pour les femmes, la question la plus sensible reste sans doute celle des enfants. Le recruteur ne peut pas vous demander si vous avez des enfants, l’âge qu’ils ont ou encore si vous comptez en avoir. Même si cela découle d’une conversation sympathique entre le recruteur et le candidat, il est interdit de demander à savoir où vous habitez, dans quel type de logement ou encore quelle est votre situation bancaire. Autant d’informations qui pourraient influencer la suite de l’entretien et la décision du recruteur.
La sexualité et les mœurs du candidat ne regardent pas le recruteur et relèvent entièrement de la vie privée. Demander à un candidat s’il est gay, lesbienne ou autre au cours d’un entretien d’embauche est interdit. Si vous jugez que vous avez été discriminé en raison de votre orientation sexuelle, vous pouvez attaquer le recruteur en justice.
Un recruteur ne peut demander de détails sur la condition physique et l’état de santé du candidat lors de l’entretien d’embauche. S’il y a certaines questions légitimes dans des cas bien précis pour évaluer la capacité du candidat à effectuer les missions, comme par exemple dans le cas de l’aviation ou du bâtiment, l’employeur doit attendre le rapport de la visite médicale. En effet, c’est le médecin du travail qui détermine si vous êtes apte ou non pour le poste ; tout en sachant qu’il doit respecter le secret médical et donc ne dévoiler à l’entreprise aucun détail relatif à votre état de santé. La loi interdit que le dossier médical d’un salarié puisse être transmis à l’employeur.
L’autre sujet sensible lors d’un entretien est celui des convictions et opinions du candidat, sur lesquelles le recruteur ne peut pas émettre de jugement. Le Code du Travail interdit d’évoquer les appartenances religieuses, syndicales ou politiques dans une offre d’emploi ou au cours d’un entretien. Un employeur ne peut pas refuser un candidat pour la pratique d’une religion. Aussi, il ne peut contrevenir au principe de liberté syndicale en discriminant un candidat pour son engagement dans un syndicat. Même chose pour les opinions politiques, elles n’ont pas leur place dans un entretien d’embauche qui n’est pas un débat d’idées et doit rester un échange autour du poste convoité.
Si parfois le sujet peut être abordé sur le ton de la simple discussion, toute remarque sur les origines du candidat est à proscrire lors d’un entretien puisqu’elle ne qualifie en rien les compétences professionnelles. « Quelle est votre nationalité d’origine ? D’où venez-vous ? D’où vient votre patronyme ? », sont des questions auxquelles vous n’êtes pas supposé répondre dans ces circonstances.
Il n’est pas forcément évident de rester diplomate le moment venu si vous faites face à un recruteur qui vous pose des questions interdites. Avant de répondre, il vous faut analyser un certain nombres de facteurs : le recruteur vous pose-t-il cette question de façon badine (« Vous avez un joli accent, d’où venez-vous ? ») ou cherche t-il à vous piéger ? Est-ce que votre réponse peut influencer la décision du recruteur de façon déterminante ? À vous de juger sur le moment quelle est la meilleure façon de réagir mais si une question vous met mal à l’aise, n’ayez pas peur de répliquer simplement et sans vous montrer arrogant avec une phrase du type : « Je suis ouvert pour discuter de ce sujet ultérieurement mais je ne pense pas que cela vous apporte quoique ce soit concernant mes compétences professionnelles pour le poste. »
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Si malgré tout, vous pensez avoir été victime de discrimination au cours d’un entretien d’embauche, vous êtes en droit d’attaquer le recruteur en justice ou l’entreprise dans son ensemble. Le recruteur devra alors prouver qu’il vous a évincé pour des raisons purement objectives et professionnelles s’il veut éviter une amende pouvant aller jusqu'à 45 000€ et/ou une peine de prison de trois ans.