Alors qu’il y a encore 10 ans, la reconversion professionnelle était un épiphénomène, aujourd’hui elle est entrée dans la norme. Même si tout le monde ne franchira pas le cap, le changement de carrière n’est plus vu comme une passade, une instabilité professionnelle ou un échec. Au contraire, il est signe d’une grande liberté. L'envie d’être soi et de ne pas renoncer à ses rêves, d’avoir la vie qu’on a toujours voulu avoir. Le souhait de vivre mille vies, chose que les générations précédentes n’ont pas pu ou voulu faire. Un changement sociétal qui semble-t-il s’installe durablement dans le paysage professionnel des nouveaux entrants sur le marché du travail.
Plus de la moitié des jeunes seraient aujourd’hui conscients qu’ils ne feront pas le même métier toute leur vie. Et cela ne leur pose aucun problème. Bien au contraire. Il est de plus en plus courant de voir des trentenaires lâcher leur job dans la com’, l’audit ou le marketing au bout de 5 ans pour se lancer dans une carrière artisanale. Une perte de sens, un sentiment d’inutilité ou de temps perdu qu’ils ne veulent pas vivre jusqu’à la retraite bien qu’ils bénéficient d’un confortable train de vie. L’argent ne fait pas tout. La crise de 2008 étant passez par-là, ils l’ont beaucoup plus compris que leurs parents qu’ils ont vu s’épuiser au travail en rêvant d’une bonne retraite.
Garder le même job, si reconnu et si bien payé soit-il en attendant une retraite bien méritée dans 40 ans est complètement exclu du mode de pensée de la nouvelle génération. Le salaire et le titre pompeux ne font plus leur bonheur. Ils en veulent beaucoup plus. 43% quitteraient même leur premier poste au bout de 20 mois en moyenne, selon une étude du New Gen Talent Center de l’Edhec, faute d’avoir pu s’y épanouir pleinement. Pire, nombreux sont ceux à se sentir frustrés ou inutiles. Alors que leurs parents n’y prêtaient pas attention, car il fallait bien payer le loyer, les études et les vacances des enfants, les moins de 35 ans ont franchi ce cap des obligations familiales et du schéma de vie traditionnel.
Pourtant, faire le choix de se reconvertir dans un nouveau job est un parcours semé d’embûches. Quitter son poste actuel et son salaire inaugure d’un avenir incertain engageant toute la famille dans le projet. Parfois le/la conjoint(e) ne comprend pas ce besoin de changement. Les parents ayant payé les études peuvent être déçus… De gros bouleversements peuvent alors surgir : divorce, déménagement, rupture avec les amis de sa vie d’avant… Vivre pour soi, faire ce qu’on aime n’est pas toujours bien vu. Surtout dans une société encore basée sur un modèle social classique : travail, maison, famille, vacances… et où penser d’abord à son bonheur est un gage d’égocentrisme.
Plus qu’un choix personnel, certains le vivent comme une nécessité : études débouchant sur un marché du travail saturé, évolution des métiers, digitalisation croissante des secteurs, plans de licenciement massif, chacun peut être concerné. On estime que 50% des jobs qui existent aujourd’hui auront disparu d’ici 10 à 15 ans, soit une quasi obligation de penser à sa reconversion dès le choix de son premier poste. Et pourquoi pas miser sur des études qui ouvrent de nombreuses portes dès le départ pour avoir un maximum de cartes en mains au cours de votre carrière, sans vous enfermer dans un métier qui n’offre pas de perspectives d’évolution.
Se reconvertir peut sembler fun et tendance, il ne faut cependant pas se laisser prendre au piège du changement radical pour autant. Si tout va bien dans votre job, que vous avez pu évoluer, trouver du sens et vous épanouir, qu'aucune menace ne plane sur votre emploi, pourquoi en changeriez-vous ? Il n’y a pas d’obligation à changer, même si beaucoup s’accordent à dire que cela fait bien sur un CV. Vous verrez le moment venu, pas question de vous mettre la pression pour faire comme les autres ! Vous aurez toujours le temps de faire un bilan de compétences pour faire le point dans votre carrière.
FAIRE UN BILAN DE COMPÉTENCES EN LIGNE