Régulièrement dénoncées par les femmes, les inégalités de salaires avec les hommes dans le monde de l’entreprise sont une réalité. Elles peuvent atteindre plus de 37% d’écart dans certains secteurs d’activité ! Une étude de l’INSEE, publiée en février 2019 montre notamment que dans le secteur privé, l'écart de salaire s’amplifie après la naissance du second enfant. Cet écart devient deux fois plus important entre père et mère qu’entre homme et femme sans enfant. Une inégalité qui perdure au fil du temps malgré la progression des droits des femmes ces dernières décennies. Concilier vie familiale et évolution professionnelle reste encore aujourd’hui une difficulté qui affecte plus souvent les femmes que les hommes.
Malgré les hausses tendancielles de leurs niveaux d’éducation et d’expérience professionnelle, les femmes salariées du secteur privé gagnent en moyenne en 2015 18 % de moins que les hommes en équivalent temps plein. Deux raisons à cela. La diversité des politiques de rémunération des entreprises et l’impact des naissances des enfants sur les carrières professionnelles des femmes. Au sein de la même entreprise, la naissance d’un enfant coïncide souvent avec une baisse de salaire chez les mères mais pas chez les pères. Concilier vies familiale et professionnelle peut aussi conduire à des contraintes réduisant les opportunités salariales des mères.
Les écarts de salaire entre femmes et hommes augmentent nettement au cours de leur vie, et en particulier lorsqu’ils ont des enfants. En moyenne sur la période 1995-2015 dans le secteur privé, le salaire net horaire des femmes est inférieur de 18 % à celui des hommes. Cette moyenne cache de fortes disparités selon l’âge. Les femmes gagnent environ 6 % de moins que les hommes à 25 ans. 13 % à 35 ans et 20 % à 45 ans. Cette évolution est due à l’accroissement des écarts entre mères et pères. Les mères gagnent 11 % de moins que les pères à 25 ans mais 25 % de moins à 45 ans, alors que l’écart de salaire entre sexes chez les salariés sans enfant se maintient autour de 7 % à tout âge. Tous âges confondus, l’écart de salaire entre pères et mères est de 23 %.
Aux désavantages financiers immédiats, s’ajoutent au fil de la carrière des divergences de choix d’employeurs et d’opportunités professionnelles (mobilités, promotions, etc.) entre mères et pères. Ainsi, le désavantage salarial lié à la maternité s’accroît dans les années suivant les naissances. Une présence plus forte des mères dans les entreprises proches de leur domicile et offrant un temps de travail plus flexible amoindri leurs perspectives d’évolution. Les sorties du marché du travail des mères de jeunes enfants influent aussi l’évolution de carrière, dans les années suivant les naissances. Les mères changent moins souvent d’employeur que les pères et travaillent plus souvent dans des entreprises où la part de salariés rémunérés au Smic est plus importante.
Selon l’étude de l’INSEE, Les écarts de « primes » entre femmes et hommes se creusent près de cinq ans après la naissance du premier enfant, et trois ans après la naissance du deuxième enfant. Une différence qui s’explique par le fait que les mères travaillent de plus en plus souvent dans les entreprises moins rémunératrices, alors que les pères sont plus fréquemment en emploi dans celles qui versent les plus fortes primes ou salaires. De plus ces mères ayant des emplois peu rémunérateurs n’hésitent pas à quitter leur job après la naissance des enfants, pour un congé parental, accentuant ainsi les coupures de carrière. Alors qu’au contraire les mères occupant des postes à responsabilité ne prendraient pas ce congé afin de ne pas subir de ralentissement dans leur évolution professionnelle.
La plupart des mères recherchent des conditions de travail leur permettant de concilier vies professionnelle et familiale. Ce que ne leur offrent pas forcément des entreprises à hauts salaires. Ceci peut aussi provenir du fait que les entreprises versant les plus hautes rémunérations sont réticentes à embaucher ou à retenir les femmes lorsqu’elles ont des enfants. Même avant la naissance, le taux de collègues à temps partiel approche les 20 % pour les femmes, contre 14 % pour les hommes. L’écart augmente après la naissance, la rupture de tendance étant marquée pour les parents de deux enfants ou plus. En outre, après la naissance des enfants, les mères travaillent de plus en plus souvent à proximité de leur domicile, et, peut-être, près des lieux de garde, des écoles et des activités des enfants.
De nombreuses conditions réduisant ainsi les marges de négociation avec les employeurs et les opportunités salariales des mères de famille malgré des évolutions ces dernières années.