La particularité de notre invitée du jour, Caroline BOMBRUN est d'avoir vécu non pas une reconversion professionnelle...mais bien deux ! Après un BAC +5 en stratégie d'entreprises, Caroline a été commerciale puis a occupé des fonctions marketing dans de grands groupes agro-alimentaires.
Elle s'est ensuite associée à une amie pour ouvrir en 2008 un concept store dans l'enfance situé dans le 15ème à Paris (le Petit Bazar). Un lieu de vie articulé autour d'une boutique, d'un salon de thé et d'un espace atelier. Résultat : 8 ans de bonheur de rencontres au programme… Jusqu’à ce que son associée décide de retourner vivre dans le sud-ouest. Caroline ne se voyait pas poursuivre le Petit Bazar sans son associée, celle avec qui elle avait vécu cette belle aventure humaine... Une nouvelle remise en question s'est alors imposée ! Elle a de nouveau changer de vie pour devenir formatrice en marketing auprès d'élèves d'Ecoles de Commerce... En somme, elle est passée des petits enfants du Petit Bazar aux grands enfants des Ecoles de Commerce...
Rencontrons cette femme inspirante.
Avec un Bac+5 en poche en stratégie d’entreprise, j'ai décroché un premier job de commerciale chez Nestlé. Puis les jobs se sont enchaînés dans la logique de mon diplôme. J'ai ensuite intégré un grand groupe agro-alimentaire dans lequel je me plaisais bien mais dans lequel j'étais le bon petit soldat sur lequel on peut toujours compter car je suis « corporate » !
Et puis un jour... je deviens maman, je fais le choix d’un congé parental … et les messages qui me parviennent de ma hiérarchie sont troublants. Je comprends que je ne suis pas vraiment attendue à mon retour ! C’est un choc. Je vis cela comme une vraie trahison après toutes ces années d’implication. Je réalise que je ne suis finalement qu’un pion comme les autres.
En parallèle, dans ma vie de maman, je cherche ce qui était difficile à trouver dans une boutique il y a 10 ans : écharpes de portage, atelier massage, un lieu pour rencontrer d’autres parents, des biberons sans bisphénol.
C’est là que ma future associée, une amie qui vivait à Bordeaux, m’annonce qu’elle doit quitter Bordeaux pour Paris. Elle a envie de faire autre chose de sa vie: le projet prend forme tout doucement dans nos esprits. Nous sommes alors toutes les deux licenciées de nos entreprises, avec un chèque à la clé. L'idée fait son chemin : et pourquoi pas ?
On décide de réaliser notre business plan: on rencontre un comptable, un banquier et... notre projet tient la route ! On se sent comme en haut du plongeoir des 10 mètres, on regarde en bas, c’est haut!... mais on saute quand même ! C’est grisant ! L’aventure durera 8 ans.
Avec le recul, je vois que la vie m’a ouvert le chemin, j’étais bien dans ma société mais au fil du temps, la petite société dans laquelle j’avais été recrutée s’était transformée en grosse boîte avec des réunions, des process, une hiérarchie plus lourde...
Je ne retrouvais plus l’âme de cette entreprise. Je m'y retrouvais de moins en moins en termes d’énergie et d'ambiance générale. Finalement, ce départ forcé a été une bonne chose, cela m’a rendu un grand service !
Ce qui me plait dans ces changements de vie, c’est la stimulation intellectuelle que cela requiert. Il faut une certaine agilité pour décrypter les codes de mes nouveaux métiers successifs et j’aime cet aspect là. J’aime être indépendante et de ce côté là, j'y ai clairement gagné ! Cela ne va pas sans incertitudes, bien-sûr, puisque cela induit un risque plus important à la fin du mois.
Au magasin, nous étions tributaires des aléas économiques. En tant que formatrice indépendante, je suis liée aux demandes des écoles ; cela me pousse vers l’excellence car si mes écoles ne sont pas satisfaites de mon travail, je serai remplacée le semestre suivant.
Mais pour rien au monde, je ne reviendrai au salariat !
Je retiens également le côté grisant, au magasin, dans la prise de décision : plus de process, plus de réunions interminables pour décider de quelque chose. Nous étions les « patronnes », nous décidions quand et comment faire les choses sans contraintes. Mais plus que tout, je ressens une immense fierté de « l’avoir fait » ! Tellement de personnes ne croyaient pas en nous ou pensaient que nous nous découragerions en chemin ! C’est un vrai accomplissement de soi le fait de monter son entreprise.
Avec le magasin, nous avions la chance de très bien nous entendre avec mon associée. Quand nous avons ouvert le magasin, mon fils n’avait qu’un an. En cas de souci de santé, mon associée assurait au magasin et je lui renvoyais la balle quand elle en avait besoin. Nous nous partagions les vacances scolaires, ce qui nous permettait de profiter de nos enfants.
Aujourd’hui, en tant que formatrice, j’adapte mon emploi du temps aux horaires de mon fils. Il est entré en 6ème cette année, donc je cale mes cours le matin pour me libérer le mercredi après-midi et être à la maison vers 16h deux jours dans la semaine. Du coup, je peux suivre ses devoirs et son adaptation en 6ème s’est faite très vite. J’ai pu aider mon fiston dans cette nouvelle organisation que demande le collège.
Dans les périodes d’examens et de copies à corriger, je travaille le soir si besoin, une fois qu’il est couché. Je m’arrange pour ne pas planifier de cours pendant quelques jours sur les périodes de vacances scolaires. Il sera bientôt ado et aura moins besoin de moi, alors j’en profite !
Changer de vie, c’est comme tout autre projet, ça s’organise. A chaque fois, je n’ai rien laissé au hasard !
Pour le magasin, nous avions 2 business plans : celui du magasin et le « domestique ». Nous avions pensé au pire pour être sûres de ne pas mettre en péril l’équilibre financier de nos familles (nous quittions 2 postes très bien payés). Nous savions que nous ne gagnerions pas autant qu’en tant que salariées mais nous avons fait de sacrées économies de nounous et baby-sitter. Nous avions même imaginé le cas où nous nous planterions au bout d’un an afin d'anticiper sur le montant d’économies à prévoir …
Quand je suis devenue formatrice, le mot d’ordre était de trouver une nouvelle vie qui me permettrait de continuer à m’épanouir. C’était difficile après ces 8 années de bonheur au Petit Bazar d’envisager une voie qui me rendrait aussi heureuse. Je ne voyais pas ce qui pourrait m’épanouir autant. C’est mon mari qui a eu l’idée de formatrice. J’avais comme point de départ un papier (mon bilan de compétence made by moi 😉) sur lequel j’avais noté ce que je ne voulais plus faire et ce que j’aimais dans la vie.
J’ai dégagé 3 voies possibles (dont formatrice) : j’ai fait appel à mon réseau pour partager des retours d’expérience sur ces 3 vies. C’est comme cela que j’ai finalement choisi cette nouvelle de voie qui me rend très heureuse. J’aime le contact avec les jeunes. J’aime sentir que je leur donne envie d’explorer une voie professionnelle, que je réussis à leur transmettre quelque chose !
Et enfin, je dirai qu’on n’a qu’une vie. Certes, c’est un peu bateau comme phrase mais j’entends trop de gens dire le vendredi « enfin le week-end » ou « j’ai le blues du dimanche soir ».
On ne vit pas uniquement pour les deux jours de week-end, cela revient à gâcher 2/3 de notre vie ! Si vous avez un projet, une envie au fond de vous qui refait surface régulièrement, il faut peut-être prendre le temps de regarder cette idée en face et l’accueillir en se disant « pourquoi pas moi ? » !
Je suis heureuse tous les jours de me lever pour vivre une vie que je me suis choisie !
Et non, je n’ai pas de la chance, j’ai pris les choses en main !
Merci beaucoup Caroline pour votre participation !