Au bout de 18 ans passés dans le secteur bancaire, Valérie décide de devenir bijoutière. Après un bilan de compétences, elle s’engage dans une reconversion professionnelle et lance, malgré la crise sanitaire, sa marque de bijoux et le concept store digital, Lèse Majesté. Elle nous livre son témoignage de reconversion et nous raconte comment ses choix lui ont permis de se sentir aujourd’hui alignée et à sa place, en dépit des difficultés.
Après 18 ans passés dans la finance, en mars 2019, je quitte mon CDI après une rupture conventionnelle. Dans ce contexte, j’avais le droit à un certain nombre de formations. J’ai pris le temps de les choisir pour savoir ce que je voulais faire de cette nouvelle étape de ma vie.
J’ai hésité à faire une VAE pour valider mon parcours bancaire, que j’ai réalisé en autodidacte. Mais j’ai vite senti que je ne souhaitais plus travailler dans ce secteur. Après quelques recherches, j’ai d’abord décidé de faire un bilan de compétences. J’ai ensuite voulu garder un accompagnement en coaching, pour m’épauler dans ma reconversion professionnelle.
Grâce à cet accompagnement, j’ai réalisé que je devais faire mes choix sur des sujets qui résonnaient d’un point de vue personnel. C’est comme cela que j’ai sélectionné mes formations, qui ont confirmé mon envie préalable de créer une marque de bijoux. Devenir joaillière était un désir profondément ancré dans mon histoire personnelle et familiale que ma reconversion a réveillé.
J’ai décidé de me laisser guider par mon intuition, d’écouter mes envies personnelles au-delà d’un plan de reconversion professionnelle. J’ai choisi mes formations comme quelque chose que je faisais, avant tout, pour moi, presque dans une visée thérapeutique. Ces choix, j’ai aussi pu les faire grâce à l’accompagnement du bilan de compétences : j’ai pu identifier mes besoins et mes capacités, que j’ai, par ailleurs, tendance à sous-estimer.
J’ai donc décidé de suivre une formation à l’école des Gobelins en marketing digital et en photographie et une formation en joaillerie de Van Cleef & Arpels, pour renouer avec mon histoire familiale. Une fois inscrite à ces formations et avant même de les démarrer, l’idée se concrétise, à l’été 2019 : lancer une ligne de bijoux pour raconter l’histoire d’amour de mes parents, imprégnée par la haute joaillerie.
Initialement, je n’étais pas destinée à travailler dans la finance ! J’ai un profil scientifique dans une famille de littéraires et j’ai d’abord fait des études en physique-chimie. Par les contraintes de la vie et mes rencontres, j’ai découvert le secteur bancaire. J’ai adoré pendant de nombreuses années, le rythme, l’adrénaline, la pression. J’ai tout appris sur le terrain et c’est encore comme cela que j’aime apprendre.
Mais après 18 ans de carrière, je commençais à avoir fait le tour. J’ai assisté à une mutation des métiers. À mesure que je perdais de l’autonomie et que mes missions glissaient vers de l’exécution, mon intérêt diminuait.
En même temps, mon entreprise a subi une restructuration et mon service devait fermer. J’y ai vu l’opportunité de démarrer un nouveau projet, sachant que je voulais aussi réintégrer de la créativité et du sens dans ma vie professionnelle. Je n’ai donc pas hésité à saisir cette chance en demandant une rupture conventionnelle.
Contrairement à d’autres, je n’ai pas forcément fait de business plan, je n’avais pas d’étapes prédéfinies très précises. J’avais besoin de me faire plaisir et de me prouver que je pouvais y arriver.
Mais j’ai dû beaucoup adapter mon projet de reconversion professionnelle ! En mars 2020, une fois mes formations et mon projet de devenir bijoutière lancés, la COVID débarque et chamboule tous mes plans ! Cela m’a obligée à m’adapter en permanence…
Grâce à l’accompagnement de Garance&Moi, j’ai pu régulièrement poser des jalons, faire des choix, prendre des décisions tout en restant alignée sur mes besoins, malgré les contraintes de la situation. C’est alors que j’ai opté pour un changement dans l’ordre des choses : ouvrir d’abord le concept store digital Lèse Majesté, avant de pouvoir vendre mes propres bijoux.
Dans mon projet de reconversion, j’ai aussi beaucoup travaillé sur mon manque de confiance en mes capacités, les souvenirs de mon histoire personnelle et ma recherche quasi constante de légitimité. L’accompagnement de ma coach et toutes les rencontres que j’ai faites au fil de ma reconversion m’ont beaucoup nourrie.
Aujourd’hui, je me sens à ma place et je sais que je suis faite pour ça. Moi qui suis une autodidacte, qui adore apprendre sur le terrain, l’entrepreneuriat est une aventure qui me passionne. Ce choix correspond à ma personnalité et à mes besoins d’indépendance, d’autonomie, de faire les choses par moi-même. Et au moment où j’ai entamé ce parcours de reconversion, j’avais les bonnes conditions matérielles pour me lancer.
Un point de vigilance cependant est la grande solitude que l’on peut ressentir. On peut évidemment parler avec ses proches, mais se faire accompagner par des professionnels me paraît indispensable. Personnellement, cela m’a permis d’échanger régulièrement, de brainstormer, d’avoir des jalons et des objectifs pour avancer, mais aussi d’avoir des retours pour y voir plus clair.
Des craintes, j’en ai eu pas mal! Au moment où j’étais censée commencer à faire fabriquer ma collection, le monde s’est arrêté… Toute la trésorerie que j’avais prévue pour mon projet de vendre des bijoux a été consommée à cause de la crise sanitaire ! J’ai dû trouver la manière de prendre des risques mesurés. Je n’ai pas hésité à changer mes plans et m’adapter, en ouvrant d’abord mon concept store alors que c’était une étape initialement à plus long terme.
Je me suis également appuyée sur mes connaissances et mes expériences issues de la banque pour identifier les bonnes décisions à prendre. Le plus important selon moi, c’est de se financer, du moins au début, sur des fonds propres, en investissant dans l’entreprise uniquement des revenus qui viennent de l’activité. C’est comme cela que je finance le réassort de mon stock.
J’ai aussi choisi de démarrer avec un statut en auto-entrepreneur et de faire tout moi-même. Enfin, je savais que j’avais plusieurs ressources pour me soutenir, notamment des aides et ma famille, sur lesquelles je n’ai pas hésité à m’appuyer.
Dans le monde de la joaillerie, il y a énormément de métiers donc je déconseille de vouloir tout faire. Lorsque je me suis replongée dans ce milieu dans lequel j’ai grandi, j’ai eu envie de toucher à tout, d’autant que j’adore la création manuelle. Mais en réalité, il faut faire des choix et pour cela il faut expérimenter.
C’est important et enrichissant de rencontrer et discuter avec les gens du métier, des artisans passionnants et passionnés. C’est ce qui m’a le plus plu dans ma formation, échanger avec ces gens qui ont un amour fou de leur métier. Si j’avais été plus jeune au moment de ma reconversion, j’aurais sûrement testé l’apprentissage par le compagnonnage.
Désormais, je réalise à quel point j’aime la vente en direct, car j’aime être en relation avec les autres. Avoir une approche commerciale basée sur l’expérience humaine est la réponse à un besoin personnel, presque intime. Je réalise à quel point vendre des bijoux ou des objets a du sens lorsqu’on peut échanger avec les gens sur leur histoire et leurs envies. Donc parmi mes futurs projets, il y aura la création d’un point de vente physique.
Puis je compte bien développer enfin ma ligne de bijoux, que la crise m’avait fait remettre à plus tard!
Retrouvez le concept store Lèse Majesté. On vous tient au courant dès que la boutique sera ouverte !
Si vous souhaitez devenir bijoutier, bijoutière, entamer une reconversion professionnelle dans la joaillerie ou ailleurs, c’est peut-être le moment de démarrer un bilan de compétences. Il vous permettra d’approfondir votre introspection et votre projet professionnel.