« Loin des yeux, loin du cœur » : ce célèbre adage résume à lui seul la crainte que peuvent ressentir certaines salariées en télétravail. A l’heure où les discussions à la machine à café et les échanges informels au sein de l’open-space ont disparu se pose la question de la visibilité : comment ne pas se faire oublier par son management et faire progresser sa carrière...même en temps de confinement ? Savoir-faire et faire savoir, prise de parole, réseau, marketing de soi : on vous donne toutes les pistes pour rester visibles et booster votre personal branding !
« Je ne sais pas parler de moi » «Si je parle de mes succès c’est présomptueux » « Si ça a réussi, c’est grâce à mon équipe » : autant de phrases très fréquemment entendues de la part des femmes que nous accompagnons en bilan de compétences pour booster leur carrière.
Première erreur : confondre vantardise et communication. L’objectif n’est pas d’inonder de mails votre hiérarchie mais de communiquer de manière factuelle et régulière sur vos accomplissements. Une habitude à conserver même après le confinement. En résumé, il ne suffit pas de savoir faire mais de faire savoir, surtout à une période où le télétravail entraîne une sorte d’invisibilité naturelle.
Comment ? En remplissant régulièrement un tableau des réalisations marquantes, un des nombreux outils que nous proposons aux femmes que nous accompagnons en bilan de compétences pour optimiser leur carrière. Vous y listerez les situations dans lesquelles vous avez obtenu des résultats concrets en y décrivant la situation de départ, les moyens utilisés, les résultats obtenus (avec le maximum de chiffres, par exemple « Le nombre de pages vues a augmenté de 30% » « J’ai réussi à recruter 6 nouveaux clients ») et les qualités/compétences mobilisées.
On prend la bonne habitude d’oublier les termes dépréciatifs du type « petit projet » ou les formules du genre « J’ai eu de la chance » et on s’oblige à dire « Je ». Ensuite, on distille ces informations lors de réunions Zoom, à travers des notes écrites régulières, des newsletters mensuelles ou à l’occasion de l’entretien de fin d’année.
Deuxième erreur : penser que votre travail parlera pour vous. « Si je travaille bien, j’aurai des bonnes notes », telle est la croyance des femmes frappées par le complexe de la bonne élève. Ce dernier trouve son origine dans l’éducation : les filles sont encouragées à être discrètes, à l’écoute, appliquées et obéissantes alors que les garçons sont incités à être extravertis, à prendre la parole et à occuper l’espace. Les traits de caractère valorisés chez les filles correspondent bien au système scolaire mais malheureusement, les codes du monde du travail sont différents de ceux de l’école. En effet, la réussite d’une carrière dépend de l’aptitude à élaborer une stratégie, de la qualité de son réseau et de la capacité à faire connaître ses résultats.
En résumé, on arrête d’attendre le manager providentiel ou la promotion rêvée et on prend les devants. Mot d’ordre : on obtient plus facilement ce que l’on demande que ce que l’on mérite. Comment ? En préparant à l’avance vos questions. Que voulez-vous exactement et pourquoi le voulez-vous ? Faites votre demande par l’affirmative et argumentez-la. Ne dites plus « je souhaiterais tel budget » mais « J’ai prévu tant de budget pour financer ça et ça ».
Les études ont prouvé que les hommes interrompaient les femmes deux fois plus qu’elles ne le faisaient. Et que lorsque celles-ci prenaient la parole, le double standard s’appliquait : « Une femme qui parle est bavarde, un homme est un leader ». Le télétravail vient encore renforcer cette invisibilité : ainsi, une étude menée par Catalyst a démontré que 45% des femmes managers considéraient que la prise de parole et la participation des femmes aux réunions étaient rendues plus difficiles lors des visioconférences et des conférences téléphoniques. Autre enseignement : plus d’une femme sur cinq expliquait avoir été ignorée pendant une visioconférence.
Comment faire pour (re)prendre la parole fermement et s’affirmer à distance ? Vous inspirer de la technique dite d’ « amplification » mise en place par les collaboratrices de Barack Obama pour se faire entendre en réunion.
Leur constat de départ : les femmes de la Maison Blanche avaient du mal à être incluses dans les réunions et quand elles l’étaient, elles étaient soit interrompues, soit leurs idées étaient reprises par des hommes.
La solution mise en place : quand une femme émettait une idée pertinente, les autres la répétaient jusqu’à ce que tout autour de la table, on la prenne en considération et on la mette au menu des discussions. Grâce à cela, la situation est devenue bien meilleure pour les femmes au cours du second mandat de Barack Obama.
Vous pouvez également vous coordonner avec d’autres collaboratrices avant les réunions afin de vous renvoyer la parole en demandant à la fin de votre intervention « Quelque chose à rajouter ? ». Enfin, n’hésitez pas à recadrer fermement mais poliment votre interlocuteur avec une phrase du type «Je serais vraiment ravie d’entendre votre point de vue, mais j'aimerais terminer ce que j'ai à dire avant ».
La culture du réseau est historiquement plutôt masculine, les hommes étant habitués très tôt à ce côté collégial, à travers les sports collectifs ou les associations de grandes écoles. Les femmes s’en sont emparées il y a une quinzaine d’années mais de nombreuses réticences demeurent : difficultés de dégager du temps en dehors du travail en raison du poids des tâches ménagères, peur d’être ostracisée ou étiquetée « féministe revendicatrice ».
Pourtant, les avantages sont nombreux et les réseaux sont de véritables boosters de carrière et de visibilité: on y apprend ainsi à peaufiner son marketing personnel (personal branding), on s’inspire des role-models, on trouve une mentor et on bénéficie des coups de main et conseils des membres du réseau.
Et si le confinement était le moment idéal pour se lancer ? Même en temps de Covid, les initiatives continuent : webinaires, petit-déjeuner ou apéros à distance, formations se déclinent au format digital. Social Builder propose ainsi régulièrement des masterclass pour se former à l'entrepreneuriat, au leadership et développer ses compétences numériques. Le réseau « Femmes en mouvement », quant à lui, organise tous les mois des apéros virtuels donnant la parole à des femmes inspirantes du secteur des transports et de la mobilité. Vous avez 45 ans et + ?
N’hésitez pas à jeter un coup d’œil aux conférences proposées par l’association « Force femmes ». Au menu des derniers événements « Travailler autrement: des autres formes d'emplois ou projet de reconversion » ou « Comment optimiser son profil Linkedin ». « J’ai piscine avec Simone, le média à remous qui donne de la visibilité à la génération des femmes de 50 ans » vous invite à des webinaires réguliers. Le dernier en date : « A 45+ c’est quoi le truc pour être recrutée ? ».
Se rendre visible au sein de l’entreprise c’est bien. L’être de manière plus globale, c’est mieux car cela peut même rejaillir de façon positive sur votre poste actuel et votre carrière. Profitez de cette période pour donner un coup de neuf à votre profil Linkedin : retravaillez votre bio, créez une bannière professionnelle sur Canva, peaufinez vos mots-clés. Repensez votre ligne éditoriale : sur quels sujets souhaitez-vous asseoir votre expertise ?
Lancez-vous et prenez la parole pour être identifiée en tant que référence de votre champ de compétences : écrivez une tribune sur Medium, postez un billet d’humeur ou coup de gueule sur Linkedin. Vous souhaitez faire partager votre expertise ou échanger avec vos pairs ? Un simple smartphone peut vous permettre de créer un webinaire ou un live Instagram en 2 clics.
Si malgré ces conseils, vous ressentez le besoin de prendre du temps pour vous et d’être accompagnée afin de valoriser vos compétences, identifier vos valeurs et trouver votre juste place au travail, n’hésitez pas à nous contacter !
Nous serons ravies de vous accompagner et booster ainsi votre carrière :)
Sophie GOURION
Consultante en gestion de carrière