Avec l’avènement du télétravail, la frontière, déjà fine, entre vie personnelle et professionnelle, s’est amoindrie et la charge mentale, particulièrement importante chez les femmes, s’est accrue. De quoi parle-t-on lorsqu’on évoque ce risque et quels sont les liens avec le burn-out et ses symptômes ? Découvrez nos conseils pour vous préserver.
Mise en lumière notamment grâce à la fameuse phrase « fallait demander » de la BD d’Emma Clit, la charge mentale concerne d’abord la répartition des tâches domestiques et ménagères au sein des couples. La chercheuse Nicole Braisen en donne une définition précise.
C’est un « travail de gestion, d’organisation et de planification qui est à la fois intangible, incontournable et constant, et qui a pour objectif la satisfaction des besoins de chacun et la bonne marche de la résidence ».
Elle s’applique majoritairement aux femmes dans l’espace privé, qui ont en permanence en tête la planification et les impératifs de tâches domestiques, parentales, familiales ou même amoureuses. Cela peut être de trouver une baby-sitter, de prévoir le repas du soir ou les courses, d’organiser un weekend en amoureux, de planifier les rendez-vous chez le médecin, etc.
Cette charge subie principalement par les femmes est un obstacle pour l’équilibre vie pro vie perso. C’est la fameuse « double journée de travail » régulièrement avancée pour expliquer les inégalités professionnelles qui persistent encore aujourd’hui.
Si elle a été mise en lumière dans le domaine privé, les effets néfastes de la charge mentale existent aussi dans la réalisation même des tâches professionnelles.
La mise en place du télétravail l’a augmentée pour tous, particulièrement pour les femmes. Ce mode d’organisation a réduit la frontière, déjà difficile à maintenir, entre l’espace professionnel et personnel. Il a accru la sursollicitation numérique induite par le travail à distance et les impératifs domestiques, accentués par le fait d’être chez soi.
Cette situation a engendré un cercle vicieux. En travaillant à domicile, les salariés, notamment les femmes, se sentent l’obligation de prouver qu’elles sont bien disponibles professionnellement, en restant connectées, en répondant à leur mail ou en organisant des réunions par exemple. En même temps, elles sont plus facilement dérangées chez elles, car généralement responsables de la gestion des tâches domestiques.
Experte et consultante sur le sujet, Laurence Bourgeois résume la situation en considérant que la charge est accentuée par l’impératif du « toujours plus ». Selon elle, c’est une cause et une conséquence de la surinformation, la surproduction, la sursollicitation et l’avènement du « multi-tasking » : penser à une foule d’activités de toutes sortes puis les gérer quasiment dans l’instant.
Une étude menée par LabRH et Youpies montre que la charge mentale est une source de stress et d’anxiété. Elle peut également engendrer de la fatigue et une baisse de la motivation. Enfin, la porosité entre vie professionnelle et personnelle qu’elle accentue peut même conduire à une efficacité réduite, voire à un retard dans l’exécution de ses missions. Tous ces éléments sont les prémices du burn-out.
Caroline Cuny, docteur en psychologie cognitive, alerte sur l’impact de la charge mentale sur les ressources dont nous disposons pour assurer nos missions et nos objectifs. C’est un réservoir propre à chacune, mais qui n’est extensible pour personne. Selon elle, c’est lorsqu’on arrive au bout de l’utilisation de ses ressources mentales et qu’on en ajoute encore, qu’on craque. C’est à cet instant que les symptômes du burn-out peuvent se manifester.
Il s’agit d’une maladie qui se traduit en français par le syndrome d’épuisement professionnel. Il provoque un mal-être physique et mental lié au quotidien au travail. Pour repérer le burn out, des symptômes peuvent donner l’alerte.
On les classe généralement en 2 catégories :
Avant d’en arriver à l’épuisement, il est possible de mettre en place plusieurs bonnes pratiques pour se préserver.
Prendre conscience que nos ressources ne sont pas illimitées est un premier pas. Il permet de réaliser qu’il est vital d’aménager des moments dédiés à leur régénération. On peut mettre en place des règles : ne pas répondre à un mail trop vite, ne pas traiter certaines tâches après une certaine heure, organiser des temps où l’on coupe ses notifications.
Il est aussi important de s’offrir de vrais moments de pause, pour faire le point et calmer le flux de ses pensées. Cela invite à voir les choses sous un autre angle, et surtout de prioriser nos actions. Redéfinir celles qui sont réellement prioritaires et celles qui sont, finalement secondaires permet souvent d’alléger ce poids.
Pour demander de l’aide avant d’être submergée, il faut avant tout désacraliser cette action. En effet, l’injonction à devoir tout gérer de front s’accompagne d’une forte culpabilité si l’on n’y parvient pas. Il faut donc apprendre à s’en défaire et à demander de l’aide. Cela va permettre de mettre en place une autre pratique salvatrice, celle de déléguer vraiment. Pour supprimer la charge, il faut réussir à évacuer le fait d’y penser. Pour cela, il est également nécessaire d’accepter que la personne à qui l’on délègue fasse les choses à sa manière.
Il s’agit d’arrêter de viser la perfection, qui n’est de toute façon jamais atteinte, et qui s’impose particulièrement aux femmes par une forte pression sociale et culturelle. On peut ainsi décider de faire moins, mais mieux ou bien tout autant, mais moins bien.
À long terme, c’est aussi des évolutions dans les habitudes sociales qui permettront de faire diminuer la charge mentale. Les femmes se sont émancipées et ont pu accéder au marché du travail, mais les injonctions qui pèsent sur elles et leur supposée prédisposition à gérer les tâches domestiques n’ont pas diminué au même rythme.
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